Le sentier des croyants
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 penser qu'Allah est dans le ciel au sens littéral

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L-Bayyina
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L-Bayyina


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MessageSujet: penser qu'Allah est dans le ciel au sens littéral   penser qu'Allah est dans le ciel au sens littéral EmptyMer 19 Mai 2010, 13:56

Est-il admissible pour un musulman de penser qu’Allah est dans le Ciel au sens littéral?

* * * * *

Réponse du Chaykh Nuh Ha Mim Keller

Non. Le sens littéral d’être « dans le ciel » impliquerait qu’Allah - Exalté soit-Il - soit en fait dans l'une de Ses créatures, car le ciel est une chose créée. Il n’est pas permis de croire qu’Allah - Exalté soit-Il - réside ou occupe (en Arabe « hulul ») une quelconque de Ses créatures, comme les Chrétiens le pensent pour Jésus - paix sur lui - ou les Hindouistes pour leurs avatars.

Ce qu’il est indispensable de savoir pour un être humain, c’est qu’Allah - Exalté soit-Il - est « ghaniyy » ou « absolument libre de tout besoin » [indépendant] de toute chose qu’Il a créée. Il déclare explicitement dans la sourate al-Ankabout du Saint Qur'an :


« Certes Allah peut Se passer de tout l'univers. »
Sourate 29 : L'araignée (Al-Ankabut) verset 6

Allah - Exalté soit-Il - mentionne Son attribut de « Ghina » ou « indépendance vis-à-vis de tout ce qui est créé » dans quelques dix-sept versets du Qur'an. C’est un point central de la ‘aqida ou dogme islamique, et c’est la raison pour laquelle il est impossible qu’Allah - Exalté soit-Il - soit en Jésus - paix sur lui - ou dans qui que ce soit d’autre ayant une forme ou un corps : car les corps dépendent de l’espace et du temps, alors qu’Allah - Exalté soit-Il - ne dépend d’aucune chose, et n’a besoin de rien. Ceci est la ’aqida du Qur'an, et les savants musulmans ont gardé cela à l’esprit pour interpréter d’autres versets ou hadiths.

Si les musulmans lèvent leurs mains vers le ciel quand ils font des supplications [demandes, invocations] (du’a) à Allah - Exalté soit-Il -, c’est parce que le ciel est la qibla pour les du’as, et non parce qu’Allah - Exalté soit-Il - occupe cette direction particulière ; et ce de la même façon que la Kaaba est la qibla de la prière (salat), sans pour autant que les musulmans ne croient que c’est dans cette direction qu’est Allah. En fait, Allah - Exalté soit-Il - dans Sa Sagesse a fait de la qibla un signe (ayah) de l’unité des Musulmans, de la même façon qu’il a fait du ciel un signe de Sa Transcendance et de Son infinie Immensité, et cette signification se manifeste dans le cœur de tout croyant simplement en regardant le ciel quand il supplie Allah - Exalté soit-Il -.

Cela faisait partie de la Sagesse Divine d’inclure ces formulations dans la sunna prophétique afin d'élever spirituellement les cœurs des gens qui les entendirent en premier, et de les orienter vers la Transcendance et l’Immensité d’Allah - Exalté soit-Il - par le plus grand et le plus concret des signes physiques de ces attributs : le ciel visible qu’Allah - Exalté soit-Il - a élevé au-dessus d’eux. Beaucoup d’entre eux, surtout quand ils venaient tout juste de sortir de la jahiliyya ou « période de l’ignorance préislamique », étaient très attachés aux réalités physiques et perceptibles, et avaient du mal à concevoir quoi que ce soit au-delà, comme cela est attesté par leurs idoles qui étaient des images posées ou élevées sur le sol.
Omar Ibn al-Khattab - qu'Allah soit satisfait de lui - mentionne, par exemple que durant la jahiliyya, ils pouvaient construire leurs idoles avec des dates, et plus tard lorsqu’ils avaient faim, les manger tout simplement. Le langage que le Messager d’Allah - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - utilisa pour faire accepter à de tels gens la Transcendance d’Allah le Très Haut était bien entendu composé de termes qu’ils pouvaient comprendre sans difficulté, et il utilisa l’image du ciel au-dessus d’eux. L’imam al-Qurtubi, le célèbre exégète du Qur'an du septième/treizième siècle a dit :

Les hadiths à ce sujet sont nombreux, rigoureusement authentiques, et bien connus ; et ils indiquent La Transcendance d’Allah, qui ne peut être reniée par quiconque à part un athée ou un ignorant obstiné. Leur but est d’attribuer la dignité à Allah et de L’élever au-dessus de tout ce qui est inférieur et bas, de Le caractériser par l’Exaltation et la Grandeur, sans lui attribuer un endroit ou une direction particulière car ce sont des caractéristiques des corps physiques. (Al-Jami li ahkam al-Qur'an. 20 vols. Le Caire 1387/1967. Edition (20 vols en 10). Beyrouth : Dar Ihya al-Turath al-Arabi, n.d., 18.216).

A cet article, un hadith, rapporté par Malik dans son Muwatta’ et par Muslim dans son Sahih, dit que Mu'awiya ibn al-Hakam est venu dire au Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - :

« Je sors à peine de la jahiliyya, et maintenant Allah m’a amené à l’Islam, » puis il lui posa diverses questions sur des pratiques de la jahiliyya, jusqu’à ce qu’il dise qu’il avait giflé sa jeune esclave, et demanda s’il devait la libérer, ce qui était obligatoire si elle était croyante. Le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - demanda qu’on la lui amène, et lui demanda : « Où est Allah ? » et elle répondit « Dans le ciel (Fi al-sama) » ; après quoi il demanda : « Qui suis-je ? » et elle dit : « Tu es le Messager d'Allah » ; et il dit : « Libérez la, car c’est une croyante » (Sahih Muslim, 5 vols. Le Caire, 1376/1956. Edition. Beyrouth : Dar al-Fikr, 1403/1983, 1.382: 538)



L’Imam al-Nawawi dit de ce hadith :

Ceci est l’un des « hadiths des attributs » à propos duquel les savants ont deux positions:
- La première est d’avoir foi en ce hadith sans en discuter le sens, tout en sachant à propos d’Allah que :


« Il n'y a rien qui Lui ressemble »
Sourate 42 : La consultation (Al-Shura) : verset 11

et qu’Il transcende les attributs de n’importe laquelle de Ses créatures.

- La seconde est de l’expliquer au sens figuré d’une façon appropriée, les savants qui soutiennent cette position avancent que le but du hadith était de tester la jeune esclave : était-elle une monothéiste qui affirme que le Créateur, Celui qui Dispose, Celui qui Fait, est Allah seul et que c'est Lui qui est invoqué quand une personne adresse sa demande (du’a) en se tournant vers le ciel - de la même façon que celui fait la prière (salat) se dirige vers la Kaaba, car le ciel est la qibla des suppliants comme la Kaaba est la qibla des prieurs - ou était-elle une adoratrice des idoles qu'ils plaçaient devant eux ? Ainsi, lorsqu’elle a dit « dans le ciel », il était clair qu’elle n’était pas une adoratrice des idoles. (Sahih Muslim bi Sharh al-Nawawi. 18 vols. Le Caire 1349/1930. Edition (18 vols. en 9). Beyrouth : Dar al-Fikr, 1401/1981, 5.24).

Il est bon de noter que l’imam al-Nawawi ne mentionne absolument pas la compréhension littérale du hadith comme une position doctrinale acceptable. Ceci provoque la surprise aujourd’hui parmi certains musulmans, qui s’imaginent que ce qui est en jeu est le principe d’accepter un hadith unique rigoureusement authentique (sahih) comme preuve en dogme islamique (‘aqida), car ce hadith est l'un de ces hadiths dit « unique », qu’on appelle en arabe ahad, « rapporté par une seule chaîne de transmission », par opposition au (hadith) mutawatir ou « rapporté par tant de chaînes de transmissions qu’il est impossible qu’il ait été inventé ».

Pourtant ce n’est pas ce qui est en jeu, car les hadiths de ce type ne sont considérés acceptables par les savants traditionnels en ‘aqida Islamique que s’ils remplissent une condition : que l’article de foi mentionné dans le hadith soit salimun min al-mu'arada, qu’il y ait « absence de preuves conflictuelles ». Cette condition n’est pas remplie par ce hadith particulier pour plusieurs raisons.

- Premièrement, l’histoire décrite dans le hadith nous est parvenue sous plusieurs autres versions bien authentifiées qui diffèrent largement de la version « où est Allah ? - Dans le ciel ». L'une d'entre elles est rapportée par Ibn Hibban dans son Sahih avec une chaîne de transmission bien authentifiée (hasan), dans laquelle le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - a demandé à la jeune esclave :

« Qui est ton Seigneur ? » à quoi elle répondit : « Allah », puis il reprit : « Et qui suis-je ? » à quoi elle répondit : « Tu es le Messager d’Allah », après quoi il déclara : « Libérez-là car c’est une croyante ». (Al-Ihsan fi taqrib Sahih Ibn Hibban, 18 vols. Beyrouth : Muassasa al-Risala, 1408/1988, 1.419: 189).

Dans une autre version, rapportée par Abd al-Razzaq avec une chaîne de transmission rigoureusement authentique (sahih), le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - lui a demandé :

« Témoignes-tu qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah ? » et elle répondit que oui. Il lui demanda : « Témoignes-tu que je suis le messager d’Allah ? » et elle acquiesça une nouvelle fois. Il dit alors « Libérez-la ! » (Al-Musannaf, 11 vols. Beyrouth : al-Majlis al-Ilmi, 1390/1970, 9.175: 16814).

Dans d’autres versions, la jeune esclave ne peut pas parler, mais juste pointer le ciel en guise de réponse. Ibn Hajar al-Asqalani a dit des différentes versions de ce hadith, qu’ « il y a une grande contradiction dans les termes employés » (Talkhis al-habir, 4 vols. en 2. Le Caire : Maktaba al-Kulliyat al-Azhariyya, 1399/1979, 3.250). Quand un hadith a beaucoup de versions conflictuelles, il y a une forte probabilité qu’il n’ait été rapporté que par rapport à ce qu'un ou plusieurs des narrateurs en ont compris (riwaya bi al-ma’na), et donc l’une des versions n’est pas adéquate pour établir un point de ‘aqida.

- Deuxièmement, cette dernière considération est particulièrement applicable au sujet en question car le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - a explicitement détaillé les piliers de la foi islamique (iman) dans un hadith rapporté dans le Sahih Muslim où il répond aux questions de l’ange Gabriel - paix sur lui -, et dit :

La foi (iman) est de croire en Allah, en Ses anges, Ses Livres, Ses Messagers, au Jour Dernier, et de croire en la destinée (qadar) qu’elle soit bonne ou mauvaise. (Sahih Muslim, 1.37)

et il n’a pas mentionné quoi que ce soit à propos de la croyance qu'Allah - Exalté soit-Il - serait « dans le ciel ». Si cela avait été un test décisif pour déterminer la foi d’un musulman (comme pourrait le laisser entendre le hadith « dans le ciel »), il aurait été obligatoire que le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - le mentionne dans ce hadith-ci, car son but est de définir ce qu’est la foi (al-iman).

- Troisièmement, si l’on prend ce hadith comme signifiant qu’Allah - Exalté soit-Il - est littéralement « dans le ciel », cela entre en conflit avec d’autres hadiths également sahih qui ont à priori autant le droit d’être pris littéralement ; comme le hadith qudsi rapporté par al-Hakim dans lequel Allah - Exalté soit-Il - dit :

Je suis avec Mon serviteur qui M’invoque et ses lèvres bougent avec Moi. (Al-Mustadrak ala al-Sahihayn. 4 vols. Hyderabad, 1334/1916. Edition (avec index vol. 5). Beyrouth : Dar al-Marifa, n.d., 1.496),

un hadith qu’al-Hakim dit rigoureusement authentique (sahih), ce qu’al-Dhahabi a confirmé. Ou encore le hadith rapporté par al-Nasa'i, Abu Dawud, et Muslim, qui dit :

Le moment où le serviteur est le plus proche de son Seigneur est lors de la prosternation. (Sahih Muslim, 1.350: 482)

Alors que si Allah - Exalté soit-Il - était littéralement « dans le ciel », le moment où le serviteur serait le plus proche de Lui serait quand il se tient debout. Ou encore le hadith rapporté par al-Bukhari dans son Sahih, dans lequel le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - interdit de cracher devant soi pendant la prière, parce que quand une personne prie « son Seigneur est devant lui » (Sahih al-Bukhari, 1.112: 406). Pour finir, dans les hadith à propos du Mi’raj ou « Voyage Nocturne », l’ange Gabriel - paix sur lui - a fait visiter au Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - chacun des sept cieux (samawat), et il n’est mentionné qu’Allah - Exalté soit-Il - n'ait été dans aucun d'eux.


- Quatrièmement, l’interprétation littérale disant qu’Allah - Exalté soit-Il - serait « dans le ciel » entre en contradiction avec deux fondements de la ‘aqida telle qu’elle a été établie par le Qur'an. Le premier est l’attribut d’Allah « mukhalafa li al-hawadith », ou « non-ressemblance aux créatures en quelque façon que ce soit », comme Allah - Exalté soit-Il - le déclare dans la sourate al-Shura :


« Il n'y a rien qui Lui ressemble »
Sourate 42 : La consultation (Al-Shura) verset 11


alors que s’Il était « dans le ciel » il y aurait d’innombrables choses qui Lui ressembleraient en termes d’altitude, de position, de direction, etc. Le second fondement que cela contredirait, comme mentionné plus haut, est l’attribut de « ghina » d’Allah - Exalté soit-Il -, ou « l’indépendance vis-à-vis de tout ce qui est créé », ce qu’Il affirme dans de nombreux versets du Qur'an. Il est impossible qu’Allah - Exalté soit-Il - soit une entité corporelle car les corps ont besoin d’espace et de temps, alors qu’Allah - Exalté soit-Il - n’a besoin d'absolument de rien.

- Cinquièmement, l’interprétation littérale de « dans le ciel » impliquerait que le ciel entourerait Allah - Exalté soit-Il - de tous côtés et donc qu’Allah - Exalté soit-Il - serait plus petit que lui, et que celui-ci serait plus grand qu’Allah - Exalté soit-Il - ce qui est, bien évidement, complètement aberrant.

Pour ces raisons et d’autres, les savants Musulmans se sont vus obligés d’interpréter le précédent hadith et d’autres textes contenant des figures de style similaires au sens figuré, en conformité avec l’utilisation de la langue arabe. Considérons le verset coranique :


« Etes-vous à l'abri que Celui qui est au ciel vous enfouisse dans la terre ?
Et voici qu'elle tremble ! »
Sourate 67 : La royauté (Al-Mulk) verset 16


pour lequel nous pouvons donner les exemples de tafsir ou « exégèse coranique » suivants :

Al-Qurtubi : Les savants les plus exigeants soutiennent que [« dans le ciel »] signifie en fait : « Etes-vous à l’abri de Celui qui est au-dessus du ciel » - de la même façon qu’Allah dit :


« Voyagez dans la terre »
Sourate 9 : Le repentir (Al-Tawba) verset 2

ce qui signifie voyagez sur la terre – pas au-dessus du ciel en terme de contact physique ou de spatialisation, mais en terme de pouvoir omnipotent et de contrôle sur lui. Une autre position est de dire que cela signifie :
« Etes-vous à l’abri de celui [qui est] sur (‘ala) le ciel » de la même façon que l’on dit, « untel [règne] sur l’Iraq et sur le Hijaz », ce qui signifie qu’il en est le gouverneur et le commandant. (Al-Jami li ahkam al-Qur'an, 18.216).

Al-Shirbini al-Khatib : Il y a différents aspects quant à l’interprétation de « Celui qui est dans le ciel », l'un d'eux est que cela signifierait : « Celui dont le royaume est dans le ciel », car c’est le lieu de résidence des anges, et c’est là que se trouvent Son Trône, Son Kursi et la Table Gardée ; et de là descendent Ses Décrets, Ses Livres, Ses commandements et Ses interdictions. Une seconde interprétation possible est que « Celui qui est dans le ciel » omette la première partie d’une construction ascriptive (idafa), en d’autre termes : « Etes vous à l’abri du Créateur de ceux qui sont dans le ciel » ce qui signifierait les anges qui résident au ciel, car ils sont ceux à qui il est commandé de dispenser la Miséricorde ou la Vengeance Divine. (al-Siraj al-Munir. 4 vols. Bulaq 1285/1886. Edition. Beyrouth : Dar al-Marifa, n.d., 4.344).

Fakhr al-Din al-Razi : « Celui qui est dans le ciel » pourrait faire référence à l’ange qui est chargé d’infliger les châtiments divins ; lequel est Gabriel ; les mots « vous enfouisse dans la terre » signifiant : « par le commandement d’Allah et avec Sa permission » (Tafsir al-Fakhr al-Razi. 32 vols. Beyrouth 1401/1981. Edition (32 vols. en 16). Beyrouth : Dar al-Fikr, 1405/1985, 30.70).

Abu Hayyan al-Nahwi : Ou le contexte de ces mots pourrait suivre les convictions de ceux à qui ils sont adressés [les mécréants], car ils sont anthropomorphistes. Donc la signification serait : « Etes-vous à l’abri de Celui que vous prétendez être dans le ciel - alors qu’Il est exalté au-dessus de tout lieu - ? » (Tafsir al-nahr al-madd min al-Bahr al-muhit. 2 vols. en 3. Beyrouth : Dar al-Janan and Muassasa al-Kutub al-Thaqafiyya, 1407/1987, 2.1132).

Qadi Iyad : Il n’y a pas de désaccord parmi les musulmans, du premier jusqu'au dernier - leurs savants de la jurisprudence, leurs savants du hadith, leurs savants en théologie, à la fois ceux capables d’un effort de déduction scientifique et ceux qui suivent la doctrine d’un autre – que les preuves scripturaires qui mentionnent qu’Allah serait « dans le ciel », comme Ses mots : « Etes-vous à l'abri que Celui qui est au ciel vous enfouisse en la terre » et d’autres, ne sont pas tels que leur sens littéral (dhahir) semble signifier, mais plutôt, tous les savants les interprètent autrement que dans leur sens apparent. (Sahih Muslim bi Sharh al-Nawawi, 5.24).

Prenons maintenant un dernier exemple, le hadith rapporté par Muslim où le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - a dit :

Votre Seigneur Béni et Exalté descend chaque nuit jusqu’au ciel de ce monde, au moment du dernier tiers de la nuit, et dit : « Qui M’invoque pour que Je lui réponde ? Qui Me demande pour que Je l’exauce ? Qui cherche Mon pardon pour que Je le lui accorde ? » (Sahih Muslim, 1.521: 758).

Ce hadith, si on prend le temps d’y réfléchir, ne traite pas de ‘aqida, mais il s’agit plutôt d’établir un point pratique, à savoir que nous sommes supposés faire un acte particulier dans le dernier tiers de la nuit : se lever et prier. C’est pourquoi quand l’Imam al-Nawawi a donné les noms actuels aux titres du Sahih Muslim, ce hadith a été placé sous le chapitre : « Incitation au désir de faire des supplications (du’as) et de se rappeler Allah (Dhikr) dans le dernier tiers de la nuit, et la réponse qui s’ensuit ». Quant à la signification de « descend » dans le hadith, al-Nawawi explique :

C'est un des « hadiths des Attributs », et il y a deux positions à ce sujet, comme il a été susmentionné dans le « Livre de la Foi (iman) ». Pour résumer, la première position, qui est la doctrine de la majorité des premiers musulmans et de certains théologiens, est que l’on devrait croire en la véracité de ce hadith d’une manière convenable vis-à-vis d’Allah, tandis que son sens littéral, tel que nous le connaissons et tel qu’il s’applique à nous, n’est pas le sens voulu, tout en ne discutant pas du sens figuré non plus, bien que nous croyons qu’Allah transcende toute similitude aux choses créées, comme le changement de position, le mouvement, ou tout autre attribut des choses créées.

La seconde position, qui est celle de la plupart des théologiens, de groupes entiers parmi les premiers musulmans (salaf), et qui est rapportée de Malik et al-Awza'i, est que de tels hadiths doivent être interprétés au sens figuré d’une manière appropriée en les prenant dans leur contexte. Selon cette école de pensée, on interprète ce hadith de deux façons. La première est celle de Malik ibn Anas et d’autres, qui est de dire que cela [« votre Seigneur descend »] signifie que « Sa Miséricorde, Ses Ordres, et Ses anges descendent, » de la même façon que l’on dit « le sultan a fait ceci ou cela » alors que ce sont ses serviteurs qui ont fait ces choses en suivant ses ordres. La seconde est de dire qu’il s’agit d’une métaphore montrant l’intérêt [d’Allah] pour ceux qui font des supplications, en leur répondant et en faisant preuve de bonté envers eux. (Sahih Muslim bi Sharh al-Nawawi, 6.3637).


Le savant du hadith Ali al-Qari dit de ce hadith sur la « descente » d’Allah - Exalté soit-Il - :

Nous savons que Malik et al-Awza'i, qui sont parmi les meilleurs des premiers musulmans, ont tous deux donné une interprétation métaphorique détaillée à ce hadith… Un autre d’entre eux était Ja'far al-Sadiq. Il est vrai que bon nombre d’entre eux [les premiers musulmans], ainsi que des savants ultérieurs, ont dit que quiconque croit qu’Allah est dans une direction physique précise est un mécréant, comme l'affirme explicitement al-Iraqi, en disant que c'était la position de Abu Hanifa, Malik, al-Shafi’i, al-Ash'ari et al-Baqillani. (Mirqat al-mafatih: sharh Mishkat al-masabih. 5 vols. Le Caire 1309/1892. Edition. Beyrouth : Dar Ihya al-Turath al-Arabi, n.d., 2.137).

Il est bon de rappeler qu’al-Iraqi était un Hafiz ou « maître en hadith », quelqu’un qui connaissait plus de 100 000 hadiths par cœur ; quant à Ali al-Qari, il était une autorité du hadith qui a produit des ouvrages de référence qui sont encore utilisés aujourd’hui pour les hadiths inventés. En d’autres termes, chacun d’eux avait les plus hautes autorisations pour vérifier les chaînes de transmissions des avis qu’ils rapportent. Pour cette raison, leur transmission de l’avis selon lequel est mécréant celui qui assigne une direction à Allah pèse lourd sur la balance.

Mais peut-être est-il préférable aujourd’hui de dire que les musulmans qui croient que Allah - Exalté soit-Il - est, d’une certaine façon, « là-haut » ne sont pas des mécréants. En effet ils ont la shubha ou la « circonstance atténuante » que de nos jours certains partis fortunés soutiennent agressivement la bid’a de l’anthropomorphisme. Cette bid’a était, dans les siècles précédents, confinée à une poignée de Hanbalites, qui ont été repoussés avec force par les ulémas de Ahl al-Sunna comme Abd al-Rahman Ibn al-Jawzi (m. 597/1201) qui s’est adressé à ses pairs Hanbalites dans son Daf shubah al-tashbih bi akaff al-tanzih [réfutation des insinuations d’anthropomorphisme à la vue de la transcendance Divine] en ces termes :

Si vous aviez dit: « Nous ne faisons que lire ces hadiths et nous restons silencieux », personne ne vous aurait condamnés. Ce qui est honteux c’est que vous les interprétiez littéralement. N’introduisez pas subrepticement dans le madhhab de cet homme droit parmi les premiers musulmans [Ahmad ibn Hanbal] ce qui n’en fait pas partie. Vous avez revêtu ce madhhab d’une disgrâce honteuse, à tel point qu’on ne peut presque plus dire Hanbalite sans dire anthropomorphiste. (Daf shubah al-tashbih bi akaff al-tanzih. Le Caire n.d. Edition Le Caire : al-Maktaba al-Tawfiqiyya, 1396/1976, 2829).

Ces croyances ont apparemment survécu pendant des siècles dans le Khorasan, l’Afghanistan et ailleurs en Orient, car l’Imam al-Kawthari note que le Hanbalite Ibn Taymiyya (m. 728/1328) a rassemblé les détails les concernant depuis des manuscrits sur les sectes (nihal) quand les bibliothèques des savants entrèrent à Damas en même temps que les caravanes fuyant les mongoles venant de l’Est. Il les a lu sans avoir un professeur perspicace pour le guider, et a cru en ce qu’il en avait compris, et s’en est fait l’avocat dans ses propres ouvrages. (al-Kawthari, al-Sayf al-saqil fi al-radd ala Ibn Zafil. Le Caire 1356/ 1937. Edition. Le Caire : Maktaba al-Zahran, n.d. 56).

Il fut emprisonné de nombreuses fois pour ces idées avant sa mort, car les oulémas de Damas l’accusaient d’anthropomorphisme. (al-Asqalani, al-Durar al-kamina fi ayan al-mia al-thamina. 4 vols. Hyderabad 134950/193031. Edition. Beyrouth : Dar Ihya al-Turath al-Arabi, n.d., 1.155).

Des écrits ont été signés par Abu Hayyan al-Nahwi (m.745/1344), Taqi al-Din al-Subki (m.756/1355), Badr al-Din Ibn Jama'a (m.733/1333), al-Amir al-Sanani, l’auteur de Subul al-salam (m.1182/1768), Taqi al-Din al-Hisni, l’auteur de Kifayat al-akhyar, (d.829/1426), et Ibn Hajar al-Haytami (d.974/1567) en réfutation de sa ‘aqida, et elle est restée non acceptée par les musulmans pendant encore quatre cents ans jusqu’au mouvement Wahhabite du dix huitième siècle, lequel suivait Ibn Taymiyya sur certains points de ‘aqida, et l’a déclaré son « Cheikh de l'Islam ». Mais ce ne sera pas avant l’arrivée de l’imprimerie dans le monde arabe que les livres d’Ibn Taymiyya (et les dogmes de ce groupe) ont vraiment vu la lumière du jour, quand un riche marchand de Jedda commissionna l’impression de son Minhaj al-Sunna et d’autres de ses ouvrages sur la ‘aqida en Egypte à la fin du siècle dernier, ressuscité cette fois sous le nom de Salafisme ou « retour à l’Islam des débuts ». Ils ont de là été exportés aux quatre coins du monde islamique, propulsés par le financement généreux d’un ou deux pays musulmans modernes, dont les efforts ont rempli les mosquées de livres, de pamphlets, et de jeunes gens qui répandent ces idées et même les attribuent (grâce aux chaînes de transmissions douteuses d’Ibn Taymiyya) aux Imams des premiers temps de l’Islam. Mon avis concernant la question de considérer ces musulmans croyants ou mécréants, est que tout cet argent peut financer l’influence et la propagande qui transforment le jour en nuit et la nuit en jour ; ainsi, les musulmans contemporains peuvent-ils probablement être excusés de ce genre d’idées, du moins jusqu'à ce qu’ils aient eu la chance d'apprendre que le Dieu de l’Islam est par Sa transcendance bien au-dessus d’être un immense homme, et que, de la même façon, Sa transcendance Le place au-dessus d’être sujet au temps ou à l’espace, qui ne sont que deux de Ses créatures.

Pour résumer ce qui a été répondu à la question ci-dessus :

Les savants prennent les textes fondamentaux du Qur'an et de la sunna littéralement sauf s’il y’a une raison pertinente de ne pas le faire. Dans le cas de la « descente » d’Allah - Exalté soit-Il - ou du fait qu’il serait « dans le ciel », il y a de nombreuses raisons de ce type :

Premièrement, une interprétation littérale de ces textes les rendrait incompatibles entre eux, ainsi qu’avec les nombreux textes rigoureusement authentiques disant qu’Allah - Exalté soit-Il - est « avec » Son serviteur quand il fait du dhikr, « plus proche de vous que votre veine jugulaire » (50:16), « devant lui » quand il prie, « le plus proche » de lui quand il est prosterné, « dans le ciel » quand on a interrogé la jeune esclave, « avec vous où que vous soyez » (58:4), etc. Ils sont incompatibles entre eux quand on les prend littéralement, et ne deviennent concordants que si on les prend au sens figuré, comme Malik, al-Awza'i, et al-Nawawi l’ont fait plus haut.

Deuxièmement, le Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - a détaillé les points auxquels doivent croire tous les musulmans dans le hadith de Gabriel dans le Sahih Muslim et dans d’autres, et il n’a mentionné le croyance qu’Allah - Exalté soit-Il - soit « dans le ciel » (ou dans un quelconque autre endroit) dans aucun d’eux.

Troisièmement, le fait qu’Allah - Exalté soit-Il -, comme les oiseaux, les nuages etc. soit « dans le ciel » dans un sens littéral entre en contradiction avec la ‘aqida du Qur'an que :


« Il n'y a rien qui Lui ressemble »
Sourate 42 : La consultation (Al-Shura) verset 11

Quatrièmement, la notion qu’Allah soit dans un endroit précis entre en contradiction avec la ‘aqida exprimée dans dix-sept versets du Qur'an : qu’Allah - Exalté soit-Il - est indépendant de tout besoin, alors que les choses qui occupent un endroit ont besoin à la fois d’espace et de temps.

Ces raisons ne sont pas exhaustives, mais entendent répondre à votre question en mettant en lumière la ‘aqida et les principes des ulémas traditionnels dans l'interprétation du genre de textes dont nous parlons. Elles montrent tout simplement à quel point la croyance qu’Allah - Exalté soit-Il - est dans le ciel dans un sens littéral est éloignée de l’islam traditionnel, et pourquoi il n’est pas admissible qu’un musulman le pense.

Et c’est Allah seul qui accorde le succès.



Traduit de l'anglais du site : sunnipath.com

http://forumislam.com/docs/pas_de_liens_svp.php?/bibliotheque/articles/imane-foi/fi_sama.php
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penser qu'Allah est dans le ciel au sens littéral
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